Edifié à la fin du XVIIIème siècle et dans les mains de la famille Schÿler depuis 1926, le château Kirwan, grand cru classé 1855 de Margaux, est un vin que l’on retrouve aux caves du PALM. Présentation avec Philippe Delfaut, « winehelper » et directeur général de la propriété…
Pourriez-vous nous présenter Château Kirwan et Charmes de Kirwan ?
En effet, nous produisons deux vins en appellation Margaux. Le premier, Château Kirwan, Grand cru Classé en 1855, est élaboré avec les vieilles vignes et destiné à un long vieillissement. Il atteint son apogée au bout d’une vingtaine d’années. Elégance, complexité et équilibre sont ses caractères principaux. Ce grand vin illustre à merveille le raffinement que l’on attend d’un Margaux. Charmes de Kirwan, notre second vin, est élaboré avec des jeunes vignes et certaines parcelles dont le sol est plus léger, plus sableux, moins argileux. Le résultat est un vin tout en fruit, en rondeur qui peut être bu jeune car à maturité plus précoce. Souvent, il contient plus de merlot que Château Kirwan, lequel est dominé par le cabernet sauvignon. Charmes de Kirwan est une parfaite introduction au terroir du château Kirwan et aux vins de Margaux.
Comment se distinguent-ils des autres vins ?
Les vins de Château Kirwan privilégient l’expression de leur origine, le terroir de Margaux. Ce ne sont pas des vins qui représentent un homme mais plutôt leur terre. Parfois, on me définit comme le winemaker. Je n’aime pas trop ce mot, je préfère le terme de « winehelper » car les hommes sont de passage, la propriété était là longtemps avant nous et sera là longtemps après. Nous devons donc tout mettre en œuvre pour exprimer au mieux la personnalité du terroir. Cette expression n’est pas reproductible ailleurs, alors que les techniques le sont partout dans le monde. Château Kirwan est tout sauf un produit reproductible ou imitable.
Avec quel genre de cuisine vos vins se marient-ils le mieux ?
Les vins de Château Kirwan se marient très bien avec toutes les cuisines raffinées, bien entendu la gastronomie française mais aussi comme j’ai pu le tester, avec la cuisine chinoise raffinée, pas trop épicée mais aux multiples saveurs. En ce qui concerne la cuisine réunionnaise, je prépare régulièrement chez moi du civet zourite et l’accord est parfait. J’utilise un Charmes de Kirwan jeune (2012 ou 2013) pour le civet et un Château Kirwan plus vieux (2004 ou 2000) pour boire avec le plat. Le résultat est magnifique.
Quelle est l’actualité de Château Kirwan ?
Nous terminons un vaste programme d’investissement de plus de deux ans, pour progresser encore dans la qualité et l’expression toujours plus précise de notre terroir. Cette année, le Château Kirwan dévoile son nouvel outil de production où cuvier et chais allient les dernières techniques aux matériaux les plus nobles, le tout au service de l’authenticité et de l’excellence de nos vins.
Une histoire familiale depuis 3 siècles
Edifié au XVIIIe siècle, le Château Kirwan doit son nom à Mark Kirwan, Irlandais issu d’une grande lignée de commerçants, qui hérite de ce domaine en 1760. Il ne tarde pas à tisser une réputation autour de son vin : Thomas Jefferson (alors ambassadeur des Etats-Unis et futur ambassadeur des grands vins de Bordeaux lorsqu’il devient président) qualifia le vin de Kirwan de 2ème catégorie dans son célèbre ouvrage Jefferson on wines. La famille Kirwan vendra la propriété en 1827. En 1855, lors de la sélection des vins du Médoc pour l’exposition universelle, Château Kirwan est classé premier des troisièmes Grands Crus Classés du Médoc et 16ème grand Bordeaux dans l’ordre officiel des vins de l’époque ! Cette consécration souligne le caractère authentique et exceptionnel de son terroir et marque un tournant dans son développement. Toujours en 1855, la famille Godard acquiert le domaine. Au début du XXe siècle, il entre dans les mains de la plus ancienne maison de négoce de vins de Bordeaux en activité : Maison Schröder & Schÿler… Aujourd’hui, Château Kirwan est présent sur plus de 90 marchés. Dans les années 1990, les enfants Schÿler prennent en main la complète rénovation du vignoble. Ils s’accompagnent en 2007 de Philippe Delfaut, œnologue expérimenté à Margaux, qui devient directeur général de la propriété.