Sur la bucolique route de Saint-Philippe, dans le Sud Sauvage, Franck Morel et son père Benoît sont à la tête d’une exploitation dont le caractère traditionnel fait à la fois la richesse et la modernité. Ils y cultivent une incroyable diversité d’épices et de fruits dont de petites pépites qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Voyage dans leur espace et… Le temps.
Franck, racontez-nous l’histoire de Bitasyon Bio du Souffleur d’Arbonne…
C’est mon grand-père qui a acheté il y a 60 ans ce terrain de 7,5 hectares à Saint-Philippe. Il y cultivait plusieurs produits, notamment de l’ananas, de la canne et du manioc. Au fur et à mesure, il s’est spécialisé dans la monoculture d’ananas Victoria jusqu’à devenir l’un des plus gros producteurs de La Réunion. Quand mon père a repris l’exploitation dans les années 70, il a voulu retourner vers une agriculture diversifiée et a notamment planté de la banane et du palmiste.
Depuis quand l’exploitation est-elle en agriculture biologique ?
Mon père a très vite supprimé tous les engrais et désherbants. A l’époque on le prenait pour un fou. C’était très compliqué pour lui car nos produits étaient vendus aux mêmes prix que ceux de l’agriculture conventionnelle. Mais mon père le faisait pour son bien-être et pour être en phase avec ses valeurs. Nous avons été certifiés Bio en 2006 mais cela fait plus de 30 ans que nous n’utilisons plus de produits chimiques.
Et vous, comment avez-vous rejoint l’aventure ?
Quand j’étais enfant, j’étais « réquisitionné » pour les récoltes et j’ai pu voir à quel point c’était dur pour mon père. J’ai donc emprunté un autre chemin, fait un cursus dans le BTP et travaillé dans des bureaux d’études en métropole. Et puis l’appel de la terre et des racines a été plus fort et en 2015 j’ai mis toutes mes affaires dans un container et suis rentré pour travailler sur l’exploitation et y faire ma place.
Que cultivez-vous aujourd’hui ?
Nous cultivons des fruits tropicaux communs comme la banane, le fruit de la passion ou la papaye, mais aussi des épices comme la vanille, le curcuma, le clou de girofle, la cannelle et la cardamome. Parallèlement, nous développons également toute une gamme de fruits rares ou « lontan » comme le canistel ou la sapote. J’ai également relancé une activité de cacao péi.
Du cacao péi ? Expliquez-nous ?
Il faut savoir qu’il y avait une culture ancestrale du cacao à La Réunion. Il y a une dizaine d’années, mon père a trouvé des vestiges de plants de cacaotiers. Il les a plantés sans idée derrière la tête, par pur plaisir. Quand je suis rentré, je m’y suis intéressé pour essayer de cultiver ce cacao et le transformer en chocolat. J’ai acheté une machine, me suis formé au processus de fermentation et j’ai pu commercialiser mes premières tablettes l’année dernière.
Avez-vous d’autres projets ?
Nous sommes en train de mettre en place une unité de transformation pour pouvoir transformer et valoriser nos produits. Aujourd’hui, nous proposons quelques sirops de curcuma et des confitures mais l’idée est de passer à la vitesse supérieure avec une plus large gamme de confitures mais aussi des jus et des glaces. Ce projet devrait voir le jour l’année prochaine.
Où trouve-t-on vos produits et peut-on venir vous voir ?
Nous vendons nos produits sur les marchés forains et autres marchés artisanaux. Depuis le confinement, nous proposons également des paniers fraîcheur. Nos produits sont aussi disponibles dans les magasins Bio de l’île avec qui nous travaillons toujours en direct. Et puis nous accueillons sur notre exploitation des visites gratuites et de bon cœur. L’idée est simplement de partager notre travail et notre passion.
Téléphone : Sur réservation 06 93 04 10 20