LA SEOR : des racines et des ailes

Association née de l’engagement d’une poignée de passionnés en 1997, la SEOR (Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion) compte aujourd’hui 17 salariés, 400 adhérents et 40 bénévoles. Plus de 25 000 oiseaux ont été soignés et pris en charge depuis sa création : un travail colossal au jour le jour, récompensé par la (re)connaissance d’une immense majorité de Réunionnais. La SEOR soigne, protège, étudie, sensibilise… pour garantir l’envol durable des oiseaux rares ayant élu domicile sur notre belle île.

Les espèces indigènes et endémiques de la Réunion, populations fragiles, voire en danger

La Réunion compte 19 espèces indigènes dont 11 sont endémiques. Globalement, les îles tropicales souffrent d’un taux d’extinction des espèces exceptionnellement élevé : la petitesse du territoire, la colonisation tardive avec son lot d’introduction de prédateurs (notamment rats et chats) ainsi qu’un aménagement du territoire souvent galopant mettent à mal ces populations intrinsèquement fragiles. L’emblème le plus marquant restant le « dodo », ce volatile dodu incapable de voler, proie si facile que quelques années de chasse intensive ont suffi à le faire totalement disparaître. Aujourd’hui, le Pétrel de Barau, le Tuit-Tuit, qui niche exclusivement dans la zone de la Roche Ecrite au nord de l’île et le Pétrel Noir de Bourbon, cet oiseau mystérieux longtemps cru éteint et dont on ne sait absolument pas où il niche, sont parmi les espèces les plus menacées.

La création

En 1997, Matthieu Lecorre, futur fondateur de l’association, craint pour les nombreuses frégates (oiseaux marins) qu’il voit désorientées après le passage d’une dépression tropicale. Il lance alors un appel dans la presse locale et se retrouve… avec une pluie de Pétrels sur les bras. C’est ainsi que naquit la SEOR, une structure dédiée à la préservation des espèces d’oiseaux rares à La Réunion.

La SEOR au quotidien

Campagnes de sauvetage, programmes d’études, baguages, gestion du centre de soins, sensibilisation – notamment auprès du jeune public –, protection des sites et aide à l’aménagement du territoire, les missions des 17 salariés sont multiples. Près de 3 400 oiseaux sont passés entre les mains de ces spécialistes pour la seule année 2017. Afin de minimiser l’impact sur la faune ornithologique, la SEOR est régulièrement consultée lors des grands chantiers menés sur l’île, à l’instar de la route des Tamarins reliant l’Ouest et le Sud ouverte en 2009 et, bien sûr, la Nouvelle Route du Littoral en cours de construction.

L’action phare : « Les Nuits sans Lumière » pour lutter contre la pollution lumineuse

Les Nuits sans Lumière sont organisées depuis 10 ans par le Parc national de La Réunion, en partenariat avec la SEOR. Le but ? Sensibiliser à la pollution lumineuse, ses effets négatifs et les moyens de la réduire. En effet, les éclairages nocturnes consomment énormément d’énergie mais le premier dommage collatéral concerne les Pétrels de Barau. Leur période de reproduction est synchronisée, impliquant un envol quasi simultané, chaque mois d’avril, de milliers de bébés pétrels. Lesquels, déstabilisés par la clarté au sol, s’échouent massivement. Entreprises, services publics et particuliers sont donc invités durant cette période à éteindre ou a minima réduire les éclairages. Les Nuits sans Lumière connaissent un succès croissant, multipliant les partenaires et les actions de sensibilisation d’année en année. La 10e édition s’est tenue du 5 au 28 avril 2018.

Les bons gestes à adopter

Ils volent, c’est leur vocation, leur apanage, celui qui nous fait rêver… Mais c’est bien au sol que les oiseaux courent les plus grands dangers. Quelques recommandations d’usage pour les impacter au minimum au quotidien :

• Ne jeter aucun détritus dans la nature, même biodégradable ! Non, une peau de banane n’est pas anodine car si elle n’endommage pas l’environnement immédiat, elle attire les rats et autres chats sauvages, premiers prédateurs des oiseaux sur leurs lieux de nidification.

• Vous vivez ici et avez un ou plusieurs animaux domestiques ? Faites-les stériliser. La prolifération des chats et chiens devenus errants par la force des choses est un véritable fléau pour nos oiseaux, particulièrement les espèces en danger tels le Pétrel et le Tuit-Tuit.

• Baisser la lumière artificielle. Cela peut paraître difficile de prime abord mais, à bien y penser, c’est tout à fait faisable (et plus cosy) !

Les bonnes nouvelles

En 2003, on ne comptait plus que 6 couples de Tuit-Tuit à la Roche Écrite, dont seuls 2 parvenaient à se reproduire. Pour rappel, ce spécimen n’existe qu’à La Réunion, la situation était donc critique. Grâce au travail de la SEOR, on dénombre aujourd’hui 45 couples. L’avenir s’éclaircit… Parmi les 25 000 puffins, moineaux, paille-en-queue et autres Pétrels soignés par la SEOR depuis 1997, l’immense majorité a d’abord été recueillie par des anonymes, témoignant de la forte implication de la population réunionnaise.

3 questions à François-Xavier COUZI, directeur de la SEOR

Ingénieur agronome de formation, Il a rejoint l’association en tant que bénévole peu après son arrivée à La Réunion en 2001, avant d’en prendre la tête en 2012.

L’ornithologie, une passion de longue date ?

Je suis tombé dedans tout petit ! Je ne me souviens plus exactement quand, mais à 4 ou 5 ans je battais déjà la campagne bordelaise et le bassin d’Arcachon pour observer les oiseaux… ça ne m’a plus jamais lâché, même si je ne pensais pas finir par en faire un métier.

La SEOR pour vous, c’est…

Un travail de longue haleine, l’implication sans faille de tous ses adhérents et bénévoles pour sensibiliser la population de l’île, avec succès. Nos actions sont parfois lourdes à porter, comme lorsqu’on a décidé de ne pas faire se reproduire les Tuit-Tuits en captivité mais d’essayer de le faire en les laissant dans leur habitat naturel. C’était un pari risqué.

Si vous deviez faire passer un message ?

Que chacun peut agir, au quotidien. En étant vigilant en pleine nature, en nous appelant et aussi en devenant adhérent ou en rejoignant notre équipe de bénévoles. Je salue l’engagement de tous nos partenaires et les initiatives comme celles de la direction du Palm, où nous avons pu mettre en place des relâches d’oiseaux et donner une conférence. Il est rare que les structures hôtelières se mobilisent alors que c’est important. On travaille avec eux sur des actions concrètes, notamment l’éclairage des piscines. Montrer l’exemple, c’est capital.

Que faire si vous trouvez un oiseau ?

Surtout, ne le nourrissez pas ! Placez-le dans une boîte en carton aérée, laissez-le au calme et appelez le standard de la SEOR au 0262 20 46 65. Il existe une centaine de points relais dans l’île (chez des bénévoles) ; le plus proche vous sera alors indiqué.

Aider la SEOR

Si vous voulez agir, rien de plus simple : devenez adhérents ! La cotisation contribue au fonctionnement de l’association (loi 1901), tributaire des financements des programmes d’études, des aides des collectivités locales et du mécénat privé.


www.seor.fr
Tél. : 0262 20 46 65

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